Richard Amalvy | Le leadership au féminin
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Le leadership au féminin

Existe-t-il des différences de leadership et de management entre les hommes et les femmes ? Différentes études montrent que le genre n’est pas une variable pertinente pour les différencier.

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En 2006, en se basant sur une analyse sémantique, Helen Ahl expliquait que la féminité serait construite comme le contraire de l’entreprise (1), concluant que l’entrepreneur est un concept masculin. C’est une opinion que Danièle Rousseau, fondatrice de l’association Dirigeantes décrypte ainsi : « À partir du moment où on acceptera l’idée que la femme a une contribution à donner, je crois que cette contribution permettra aux hommes de se libérer d’un certain nombre de tabous et de limites sur leur développement émotionnel, sur l’expression de ce qu’ils ont de féminin en eux. La façon d’aborder les problèmes, l’avenir ou même le rapport aux autres, commence déjà à évoluer : on trouve maintenant des managers qui ont fini d’exercer leur gouaille machiste. La tendance est à la médiation, à la concertation et au partage » (2).

Des études sont régulièrement menées pour mesurer les différences qui pourraient exister entre les styles de leadership masculin et féminin. Sarah Saint Michel, enseignant-chercheur à l’université de Toulouse Capitole, auteur d’une thèse en sciences de gestion intitulée « L’impact du genre sur les traits de personnalité des leaders et les effets sur leur style de leadership » a conclu en 2011 que « les femmes dirigeantes sont des leaders comme les autres » (3). Son travail complétait une recherche conduite au niveau européen et américain auprès des collaborateurs d’environ 20 000 cadres dirigeants (12 593 hommes et 7 016 femmes) visant à comprendre les qualités qui leur sont attribuées. Les conclusions ont montré que les collaborateurs perçoivent leurs supérieurs hiérarchiques de la même manière, indépendamment de leur sexe.

Une équipe mixte de quatre chercheurs en sciences de gestion de l’université de Montpellier a abordé ce sujet sous un autre angle, en cherchant à comprendre si les femmes dirigeantes ont des pratiques spécifiques en matière de responsabilité sociale des entreprises (4), autrement dit, dans la façon d’appliquer les principes du développement durable dans la stratégie des organisations. Pour affiner le design de leur recherche, ils ont compilé les résultats de nombreuses études menées au niveau international montrant, par exemple, comment la fonction de maîtresse de maison donne aux femmes « une vision plus intégrée des relations entre les êtres humains, leurs activités de consommation et leur environnement naturel », cette fonction positionnant les femmes « comme actrices d’un nouveau type de développement ». Ils se sont donc intéressés à ce que l’on appelle les valeurs féminines « portées par la nature reproductive et la fonction ménagère » qui seraient de l’ordre de la solidarité, du don, du care, de la recherche du consensus et de l’attention aux autres.

Quand Sarah Saint Michel conclut son étude sur les perceptions des collaborateurs, les chercheurs de Montpellier observent la complémentarité entre valeurs féminines et valeurs masculines, sans les opposer. Ils ont étudié les pratiques déclarées plutôt que les objectifs affichés d’un échantillon de 46 dirigeants de PME, également réparti entre hommes et femmes. Ce traitement diffère des études précédentes basées sur les déclarations et les intentions plutôt que les pratiques, et qui concluent généralement en faveur de différences notables entre hommes et femmes. Leur conclusion est claire : « les différentes analyses laissent à penser que les orientations entre hommes et femmes entrepreneurs en matière de RSE ne sont pas saillantes ». L’intérêt était de savoir si le sexe influence les pratiques environnementales, sociales et sociétales. Ce résultat corrobore la conclusion d’une étude publiée en Israël en 2010 : « Même si le ratio de femmes entrepreneurs est plus faible que celui des hommes, dans trois études sur le genre et l’entreprenariat menées récemment en Israël, la majorité des résultats démontrent qu’il y a peu ou pas de différences basées sur le genre » (5).

Les tenants d’un féminisme égalitaire absolu sont donc rassurés. À la question « existe-t-il une manière féminine de diriger ? » la réponse est non, et c’est une bonne nouvelle : les hommes dirigent comme les femmes. La galanterie n’ayant pas totalement disparu de l’esprit français, on peut cependant entendre Danièle Rousseau nous dire que « la femme peut féconder l’esprit des hommes dans un sens favorable à d’autres valeurs que le profit ».

Richard Amalvy

(1) Ahl Helen (2006), ‘‘Why research on women entrepreneurs needs new directions’’, Entrepreneurship Theory and Practice, Vol. 30, pp. 595-621, 2006.
(2) Rousseau Danièle, « L’avenir économique appartient aux valeurs féminines », entretien, www.cles.com, 2007.
(3) Saint Michel Sarah, « L’impact du genre sur les traits de personnalité des leaders et les effets sur leur style de leadership », thèse de doctorat en sciences de gestion, sous la direction de Jean-François Amadieu, Université Panthéon-Sorbonne, Paris, 2009. « Les femmes dirigeantes sont des leaders comme les autres », Le Monde Économie, 4 mars 2013.
(4) Paradas Agnès et al., « Les femmes dirigeantes de PME ont-elles des pratiques de RSE spécifiques ? », Recherches en sciences de gestion, 2013/4 N°97, p. 187-207.
(5) Pines, A., Lerner, M., Schwartz, D., Equality, Diversity and Inclusion: An International Journal, Vol. 29 N° 2, 2010, pp. 186-198.